Carnaval d'Oruro 2023

Le carnaval d'Oruro en Bolivie est la résultante de deux siècles de festivités témoignant d'un mélange de tradition et de colonisation. C'est l'un des carnavals les plus singuliers et les plus vieux du monde puisqu'il existe depuis plus de 200 ans. Les origines du carnaval d'Oruro remontent à bien avant l'arrivée des colons espagnols. Au début, c'était la destination religieuse des indigènes de Andes qui y célébraient de grandes fêtes en l'honneur des dieux. En effet, les habitants allaient y vouer un culte à la Pachamama (la « Madre Tierra ») et à leur ancien dieu Tío.
"Uru Uru", en langue indigène "aymara" désigne le nom préhispanique d'Oruro, ville minière dans les montagnes, à 3700m d'altitude à l'ouest de la Bolivie. A l'époque du carnaval, la ville voit quadrupler sa population.

Le jour J dès les premières lueurs de l'aube les préparatifs vont bon train... A partir de 8h, le ton est donné! Les premiers à défiler ouvriront une longue marche de presque 48h non stop. Une interruption d'à peine 3 à 4h se fera entre les derniers du 1er jour et les premiers du 2ème jour.
"52 conjuntos", chacun composé de 700 à 800 danseurs divisés en "bloques" vont tenter de donner le meilleur, parés de leurs plus beaux atouts, après des mois de répétitions et d'essais.
Ils seront accompagnés de pas moins de 10 000 musiciens, ce qui représente un total d'environ 40 à 50 000 personnes mobilisées pour cet événement. Tous et toutes venant rendre grâce à la "Virgen del socavón" vierge de la mine, implorer quelque bienfait ou intervention divine...

Avec une foi renforcée, les danseurs promettent de danser pendant au moins trois ans au Carnaval, établi comme le plus grand spectacle de dévotion à la Virgen del Socavón. C'est une fête qui enchante les locaux et les étrangers en raison de sa parfaite convergence entre l'héritage précolombien qui ne se perd pas et la croyance religieuse qui transcende jusqu'à présent. Le défilé qui peut durer pour chacun des partipants jusqu'à 4h sur un parcours de 4km se termine dans la Cathédrale.

L'ouverture se fait par la Diablada, née comme une représentation de l'armée du diable (Wari), marchant vers la Vierge du Socavon (Nusta). Cette armée de diables est accompagnée d'un mélange de personnages des deux cultures. Par exemple, l'Archange Gabriel - catholique - danse avec le Condor - un animal sacré des Andes lié au monde supérieur.
Il ne va pas sans dire qu'un armée d'artisans participe à la mise en œuvre de ce spectacle opérant d'une année sur l'autre pour atteindre la perfection et nourrir l'imaginaire des spectateurs !
Le deuxième jour, fatigue et agapes aidant, l'ambiance évolue vers un relâchement général du public autant que des acteurs du spectacle. La magie aura opéré , et la vierge languira de retrouver son calme avant de se mettre à exaucer tous les pieux vœux, il lui faudra bien jusqu'à l'année prochaine pour accomplir sa tâche!